lundi 21 décembre 2009

A Copenhague, les rois étaient nus…























La grande foire du climat a fermé ses portes. Pour tenter de sauver les apparences, une déclaration de trois pages a été avalisée, en dernière minute. Ces pages, telles des feuilles de vignes, ne servent qu’à masquer la nudité totale des résultats de la Conférence. Samedi dernier, nous étions près de 100 000, venus du monde entier à Copenhague pour exiger un accord ambitieux, responsable et contraignant. Nous étions près de 100 000 à réclamer une juste transition vers une économie bas carbone. Les dirigeants du monde ont montré leur incapacité à prendre la mesure du défi et des attentes des populations. Personne ne croyait que cela allait être facile, rares sont ceux qui croyaient en un protocole contraignant, mais ici, on a touché le fond.

On a touché le fond par l’absence d’accord mais également parce que le processus est faussement démocratique, c’est une farce où les invités à la table étaient nombreux mais il n’y avait que 5 couverts. Samedi, si l’on excepte quelques débordements marginaux, la manifestation s’est parfaitement déroulée. Elle avait l’ampleur nécessaire pour susciter une grande conférence. Pourtant, dès le lundi matin, les abords du Bella Center ressemblaient à un camp retranché que des milliers de personnes tentaient de prendre d’assaut dans le froid de Copenhague. Un des Etats les plus modernes du monde et l’ONU se sont montrés incapables de compter : 45 000 personnes inscrites une infrastructure pouvant en accueillir 15 000 ! Tablant sur le découragement les autorités ont laissé les files gonfler sans donner d’information, sans organiser un minimum d‘accueil décent. 10 heures d’attente dans le froid n’ont pas atteint la détermination des participants. Du coup, le nombre de badges permettant l’accès au centre a été limlié. Les dizaines de milliers de représentants d’ONG se sont vu octroyer un peu moins de 100 badges ! Le rideau est ainsi tombé montrant que derrière la façade de la grande démocratie mondiale il n’y avait qu’un coup médiatique, qu’un effet de communication. Quelques Etats, dont la Belgique, avaient pourtant voulu jouer le jeu en intégrant les ONG ou les organisations syndicales dans leur délégation. Il faut les inviter à poursuivre dans ce sens et renforcer la concertation sur des enjeux qui concernent l’ensemble de la société.

Maintenant, nous devons poursuivre le combat. Il y aura un après Copenhague. Malgré la déception, nous savons que seul un accord multilatéral, dans le cadre de l’ONU pourra permettre de progresser. Il nous faut maintenir la pression pour que la prochaine Conférence climatique relève le défi en analysant les erreurs de Copenhague. Cette Conférence a permis une grande mobilisation, elle a permis de développer les liens entre ONG et organisations syndicales, elle a vu la sensibilisation internationale se développer. Avec la Confédération Internationale des Syndicats et avec la Confédération Européenne des Syndicats, nous allons continuer car nous savons que nous devons nous engager dans la « troisième révolution industrielle », celle qui nous conduira vers une économie durable, une économie bas carbone. Pour cela nous devons poursuivre notre action pour imposer une juste transition. La prochaine échéance est devant nous, la présidence européenne de la Belgique sera cruciale. Nous avons donc une responsabilité particulière à assumer.

Emplois, justice et climat sont notre combat. A nous de relever le défi.

Claude Rolin
Le 21/12/2009

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